Oasis orientales et espace frontalier entre l'Algérie occupée et le Maroc

Jamaa Baida

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Oasis orientales et espace frontalier entre l'Algérie occupée et le Maroc

Jamaa Baida

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Edition : Publications de l'Institut Royal pour la Recherche sur l'Histoire du Maroc

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<p>[...] L'on sait [...] en effet, que les origines lointaines de cette situation remontent au milieu du XVIe siècle, lors de l'émergence de la dynastie sacadienne faisant face, avec l'appui des Zaouïas, à l'occupation des côtes par les Portugais cependant qu'apparaissaient les infiltrations turques, à partir du Maghreb Central déjà conquis, pour s'étendre non seulement vers les oasis limitrophes, mais aussi, bien que par à-coups, vers l'intérieur du territoire. Plutôt imprécis, un premier tracé devait intervenir, à l'issue de ces essais, pour démarquer le Maroc du domaine des Ortomans. Avec l'avènement des Alaouites, au milieu du XVIIe siècle, le différend allait reprendre, aboutissant, cette fois-ci, à l'utilisation de Oued Tafna comme simple ligne de séparation pratique, ce qui allait permettre de dégager le Maroc, là aussi, des tentatives d'expansion de l'armée turque. Il s'ensuit que les oasis des confins comme le Sahara environnant seront maintenues dans l'obédience makhzenienne, laquelle allait se traduire par la baica, le prêche dans les mosquées, le versement des redevances et la nomination des agents d'autorité. Bien plus tard. avec l'occupation, en 1830, de l'Algérie beylicale par la France, ce second compromis sera à son tour remis en cause. Dorénavant, la question des frontières se posera en d'autres termes. De dimensions nettement plus complexes, elle aura de telles implications que le Makhzen, dans ses rapports aux tribus frontalières, ne pouvait qu'en ressentir les effets. De fait, jusqu'à ce que la défaite essuyée par le Maroc à Isly le 14 août 1844 eût engendré une nouvelle configuration consacrée par le traité de Lalla Maghniya en 1845, la nature même du voisinage allait accuser un profond choc affectant et la liberté de mouvement et le rythme des échanges.</p> <p>[...] On note, en tout cas, qu'à la suite d'Isly, la France allait adopter une démarche d'expansion graduelle soutenue simultanément par la troupe, la diplomatie agissante et le travail d'exploration préalable. Si bien qu'elle aura tot fait d'annexer d'immenses contrées stratégiques tels le Touat, Tidikelt, la Saoura et Béchar qu'on considère traditionnellement comme relevant de l'obédience marocaine. Forte de ces acquis, la France réussit à conclure des accords avec Fès, notamment en 1901 er 1902, dans le but de reprendre le tracé des limites orientales sans inclure, néanmoins, les confins situés au sud-ouest d'oued Guir. Une telle situation sera maintenue jusqu'à l'instauration du Protectorat au Maroc..</p> <p>Depuis lors, la question des frontières allair relever des compétences conjuguées du Résident Général, par rapport à Rabat, et du Gouverneur Général installé à Alger. Des frontières administratives allaient être tracées qui séparent la colonie algérienne du domaine du Protectorar au Maroc. Or, entre 1955 et 1961, ces mêmes limites feront l'objet de tractations qu'il convient de décrypter minutieusement entre la France défendant ses annexions d'antan, au nom de l'Algérie encore occupée er le Royaume du Maroc redevenu officiellement souverain. A c ce propos, l'on note ici, au fil de la lecture, un contraste persistant entre l'attitude flottante des premiers gouvernements marocains et l'acharnement durable du partenaire colonial. D'autre part, il paraît évident, au travers de documents multiples, que la position dudit partenaire paraît annoncer de loin, par bien des aspects, les thèses adoptées par l'Algérie devenue indépendante. De plus, on constate que la question minière est déjà là et qu'elle n'a point attendu le présent conflit algéro-marocain, autour du Sahara, pour se poser comme corollaire, ainsi d'ailleurs que les confins, d'un règlement de compte plus ou moins inavoué, lequel prend appui, par-delà ces péripéties fondatrices, dans cette guerre dite des sables qui véhicule en sous-œuvre, semble-t-il, sans dire jamais son nom [...]</p> <p></p>
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[...] L'on sait [...] en effet, que les origines lointaines de cette situation remontent au milieu du XVIe siècle, lors de l'émergence de la dynastie sacadienne faisant face, avec l'appui des Zaouïas, à l'occupation des côtes par les Portugais cependant qu'apparaissaient les infiltrations turques, à partir du Maghreb Central déjà conquis, pour s'étendre non seulement vers les oasis limitrophes, mais aussi, bien que par à-coups, vers l'intérieur du territoire. Plutôt imprécis, un premier tracé devait intervenir, à l'issue de ces essais, pour démarquer le Maroc du domaine des Ortomans. Avec l'avènement des Alaouites, au milieu du XVIIe siècle, le différend allait reprendre, aboutissant, cette fois-ci, à l'utilisation de Oued Tafna comme simple ligne de séparation pratique, ce qui allait permettre de dégager le Maroc, là aussi, des tentatives d'expansion de l'armée turque. Il s'ensuit que les oasis des confins comme le Sahara environnant seront maintenues dans l'obédience makhzenienne, laquelle allait se traduire par la baica, le prêche dans les mosquées, le versement des redevances et la nomination des agents d'autorité. Bien plus tard. avec l'occupation, en 1830, de l'Algérie beylicale par la France, ce second compromis sera à son tour remis en cause. Dorénavant, la question des frontières se posera en d'autres termes. De dimensions nettement plus complexes, elle aura de telles implications que le Makhzen, dans ses rapports aux tribus frontalières, ne pouvait qu'en ressentir les effets. De fait, jusqu'à ce que la défaite essuyée par le Maroc à Isly le 14 août 1844 eût engendré une nouvelle configuration consacrée par le traité de Lalla Maghniya en 1845, la nature même du voisinage allait accuser un profond choc affectant et la liberté de mouvement et le rythme des échanges.

[...] On note, en tout cas, qu'à la suite d'Isly, la France allait adopter une démarche d'expansion graduelle soutenue simultanément par la troupe, la diplomatie agissante et le travail d'exploration préalable. Si bien qu'elle aura tot fait d'annexer d'immenses contrées stratégiques tels le Touat, Tidikelt, la Saoura et Béchar qu'on considère traditionnellement comme relevant de l'obédience marocaine. Forte de ces acquis, la France réussit à conclure des accords avec Fès, notamment en 1901 er 1902, dans le but de reprendre le tracé des limites orientales sans inclure, néanmoins, les confins situés au sud-ouest d'oued Guir. Une telle situation sera maintenue jusqu'à l'instauration du Protectorat au Maroc..

Depuis lors, la question des frontières allair relever des compétences conjuguées du Résident Général, par rapport à Rabat, et du Gouverneur Général installé à Alger. Des frontières administratives allaient être tracées qui séparent la colonie algérienne du domaine du Protectorar au Maroc. Or, entre 1955 et 1961, ces mêmes limites feront l'objet de tractations qu'il convient de décrypter minutieusement entre la France défendant ses annexions d'antan, au nom de l'Algérie encore occupée er le Royaume du Maroc redevenu officiellement souverain. A c ce propos, l'on note ici, au fil de la lecture, un contraste persistant entre l'attitude flottante des premiers gouvernements marocains et l'acharnement durable du partenaire colonial. D'autre part, il paraît évident, au travers de documents multiples, que la position dudit partenaire paraît annoncer de loin, par bien des aspects, les thèses adoptées par l'Algérie devenue indépendante. De plus, on constate que la question minière est déjà là et qu'elle n'a point attendu le présent conflit algéro-marocain, autour du Sahara, pour se poser comme corollaire, ainsi d'ailleurs que les confins, d'un règlement de compte plus ou moins inavoué, lequel prend appui, par-delà ces péripéties fondatrices, dans cette guerre dite des sables qui véhicule en sous-œuvre, semble-t-il, sans dire jamais son nom [...]

ISBN 978-9954-9256-8-3

Langue Français

Auteur Jamaa Baida

Edition Publications de l'Institut Royal pour la Recherche sur l'Histoire du Maroc